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L’accessibilité est au cœur des valeurs du Jardin botanique de Montréal, qui souhaite que tous découvrent les merveilles végétales qui les entourent. Et, comme vous le constaterez ici, un handicap visuel n’est ni un frein pour s’en extasier ni un obstacle pour transmettre ses connaissances!

 

Tout juste devant le restaurant, une petite cour intérieure où la diversité du revêtement du sol et l’omniprésence des rampes attirent d’abord l’attention. La surprise se poursuit par l’accueil d’un animateur non voyant, qui nous invite à sentir, à toucher et même à goûter aux plantes…

 

Bienvenue dans la Cour des sens!

 

«On a créé cet univers en 1999 avec l’intention de plaire à notre clientèle non voyante, mais aussi pour permettre aux visiteurs d’explorer le monde végétal autrement qu’avec leurs yeux», dit Diane Turcotte, coordonnatrice en loisirs scientifiques à Espace pour la vie, l’organisme montréalais qui réunit le Biodôme, l’Insectarium, le Jardin botanique et le Planétarium Rio Tinto Alcan.

 

Des emplois pour non-voyantsPhoto d'un guide avec un adulte et un jeune

 

Parmi la quarantaine d’employés animateurs, le Jardin botanique de Montréal réserve deux postes saisonniers à des personnes présentant un handicap visuel. Un poste est comblé par l’entremise de Jeunesse Canada au travail et l’autre, par la Ville de Montréal. Pour ces postes, l’employeur reçoit des subventions pour l’emploi de personnes handicapées.

 

La présence d’animateurs ayant un handicap visuel, toute naturelle dans un endroit spécialement conçu pour répondre aux besoins des personnes non voyantes, renforce le message d’accessibilité si important pour le Jardin. Qui serait plus qualifié pour présenter la Cour des sens aux visiteurs que ces animateurs qui s’orientent au quotidien par le toucher, l’odorat, l’ouïe et le goût?

 

La signalétique de la Cour des sens inclut le braille, la rampe encercle son espace et les revêtements de sol identifient clairement chacune de ses zones: tout est en place pour la sécurité des personnes non voyantes.

– Diane Turcotte

Une formation adaptée

En général, nos animateurs ont un bagage scientifique. Or, il est plutôt difficile de trouver des personnes ayant une expertise scientifique et un handicap visuel en plus. C’est pourquoi leur embauche implique une formation plus longue.

– Diane Turcotte

 

Forcément, cette dernière doit être adaptée. Ainsi, les animateurs non voyants passent en moyenne six jours en formation pour apprendre l’essentiel du contenu scientifique qu’ils auront ensuite la mission de vulgariser aux visiteurs durant tout l’été. L’approche pédagogique mise sur les sensations. Tout ce qui est discuté doit s’accompagner d’un support tactile: on ne parle pas, par exemple, de la vrille d’une plante sans l’avoir en main!

 

S’ensuit une période de jumelage entre l’animateur non voyant en formation et un autre employé expérimenté. Le nouveau membre de l’équipe apprendra par observation… ou plutôt à l’oreille, avant de se lancer à l’animation d’une section de la Cour des sens.

 

Un lieu et un horaire de travail bien pensés

 

L’implication des autres employés auprès de ces animateurs particuliers est essentielle, selon Diane Turcotte. Au-delà de la formation, leurs collègues doivent toujours garder en tête qu’ils partagent leur lieu de travail avec des personnes non voyantes. «Dans la salle des employés, donne-t-elle en exemple, tous savent qu’ils ne doivent rien laisser traîner sur le sol, sinon il y a un risque d’accident.»

 

La mobilité parfois limitée des animateurs non voyants vers leur lieu de travail ajoute un défi lors de l’établissement des horaires. «S’ils utilisent un transport adapté, les heures de départ ou d’arrivée sont indépendantes de leur volonté, et ils perdent énormément de temps par jour en déplacement», explique Diane Turcotte. C’est pourquoi le Jardin leur propose au besoin un horaire de trois jours de travail, très apprécié par ces employés.

 

On investit beaucoup de temps envers ces animateurs parce qu’on croit à la richesse de leur apport. Non seulement on les aide à acquérir une expérience de travail formatrice, mais on enrichit l’expérience de la Cour des sens pour nos visiteurs et on transmet des valeurs précieuses à tout notre bassin d’employés!

– Diane Turcotte

 

Crédit photo : Espace pour la vie (Michel Tremblay)

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