En 2020, on prévoit que 20% de la population du Québec aura entre 55 et 64 ans. Alors que les années 1990 glorifiaient la fameuse «Liberté 55», 87% des Canadiens de 45 ans et plus perçoivent aujourd’hui la retraite comme une transition active. On parle même désormais de conciliation travail-retraite. Or, les besoins et les conditions de l’industrie touristique ont tout pour plaire à ce bassin de travailleurs… et vice-versa!
Plus d’un retraité sur deux considère un retour sur le marché du travail. De ceux-ci, à peine le tiers le fait pour des raisons financières, car les autres désirent plutôt être plus actifs intellectuellement (67%) et socialement (51%).
«Ils sentent qu’ils n’ont pas fini de contribuer à la société, mais ils n’ont plus rien à prouver», résume André Hétu, membre du Comité consultatif pour les travailleuses et travailleurs de 45 ans et plus [1].
Du coup, ces candidats ne souhaitent ni faire du 9 à 5, 40 heures par semaine, ni jongler avec mille et une responsabilités liées à un poste.
Un match parfait
Les travailleurs expérimentés se dirigent plutôt vers des emplois à temps partiel ou saisonniers qui leur permettent de concilier les avantages d’une vie professionnelle sans perdre ceux liés à la retraite. Les futurs «ex-retraités» considèrent aussi avec attention leur environnement de travail, recherchant une localisation aussi pratique qu’agréable.
Or, comme 58% de l’emploi total en tourisme se classe dans divers emplois saisonniers ou à temps partiel, et que ceux-ci se déroulent bien souvent dans des cadres de travail enchanteurs (parc national, station de villégiature, hôtel 5 étoiles…), l’industrie touristique a de quoi leur plaire!
On voit des couples heureux de travailler à une station de ski pendant tout l’hiver, puis profiter de l’été ensemble.
– André Hétu
Ces candidats ne rechignent pas non plus à accepter des horaires plus difficiles pour les jeunes employés avec famille ou les étudiants, par exemple les soirs et week-ends. «Ils ont des demandes différentes, bien complémentaires avec les autres employés d’une entreprise », précise M. Hétu.
Selon ce dernier, ils ont de plus un «savoir-être» qui les distingue fort avantageusement dans la qualité de leur service à la clientèle, un atout essentiel en tourisme.
Ces travailleurs expérimentés ont une culture du service bien acquise.
Des préjugés démentis
Rigides, incapables de s’adapter, fatigués, dépassés par la technologie, mal intégrés dans les jeunes organisations… les préjugés envers les travailleurs plus âgés leur ont fait la vie dure, bien sûr à tort.
Tout ça a été réfuté. Selon l’état de santé, il est vrai que des emplois très physiques ne sont pas idéaux… mais, encore là, c’est du cas par cas. On a plusieurs histoires à succès qui prouvent le contraire!
– André Hétu
Le seul point sur lequel il semble y avoir consensus, c’est la faible tolérance au stress de ce bassin de travailleurs. «Ce n’est pas tant qu’ils ne sont plus capables de vivre la pression, c’est qu’ils n’en ont tout simplement plus envie… ils ont déjà donné!», résume le conseiller.
Motivés et libérés des obligations familiales: difficile de trouver mieux que ces travailleurs expérimentés — et disponibles — qui désirent travailler d’abord et avant tout pour contribuer socialement et se faire plaisir… tout en gagnant un revenu d’appoint!
[1] Les comités consultatifs possèdent une connaissance approfondie des besoins des groupes sous-représentés sur le marché du travail et des contraintes auxquelles ils sont soumis.