Pour pallier la difficulté de conserver son personnel pendant toute la saison, Parcours Aventures a choisi de miser sur la collaboration avec ses concurrents. Une idée qui pourrait faire des petits…
Des emplois pour étudiants qui séduisent, sauf que…
L’entreprise saguenéenne a introduit au Québec une discipline qui séduit de plus en plus de touristes, la Via Ferrata. Cette forme de randonnée sur paroi rocheuse, à l’aide d’un câble d’acier accroché à des prises métalliques, est accessible à tous, mais nécessite l’accompagnement d’un guide.
Parcours Aventures se spécialise justement dans la formation et le placement de guides de Via Ferrata. Elle en emploie chaque été une trentaine, qui travaillent de mai à l’Action de grâce dans trois parcs de la Sépaq.
Chaque printemps, Jacques Hébert, propriétaire de Parcours Aventures, n’a pas trop de mal à recruter des étudiants pour les former comme guides. Mais conserver ces ressources jusqu’à la fin de la saison lui cause en revanche bien des maux de tête.
« On doit composer avec les calendriers scolaires et universitaires, qui sont de plus en plus décalés par rapport aux besoins du marché, explique-t-il. L’évolution du climat pousse la belle saison de plus en plus tard en été, et on reçoit un afflux de touristes européens en septembre et en octobre pour admirer les couleurs automnales. À cette période-là, les jeunes sont déjà retournés à l’école, et les ressources humaines se font rares. » À tel point que certaines entreprises offrant de la Via Ferrata ont eu tendance, ces dernières années, à solliciter des guides travaillant pour des concurrents en tentant de les attirer avec un salaire plus alléchant. « Cela déplace juste le problème d’un employeur à un autre, et ça peut créer des tensions », remarque Jacques Hébert.
Collaborer avec des concurrents pour contourner le manque de ressources en fin de saison
Pour éviter ces situations désagréables, Jacques Hébert a initié un système d’échange de personnel entre entreprises. Avec le soutien de l’Association Aventure Écotourisme Québec, il a développé un protocole d’entente qui encourage la collaboration plutôt que la compétition.
Comment ça marche ? « Dans chaque site, un chef d’équipe s’assure qu’il y a, en tout temps, assez de guides disponibles pour répondre à la demande, explique Jacques Hébert. Lorsqu’il lui manque du personnel, il peut désormais contacter les responsables des autres entreprises signataires pour voir si l’une d’elles a un guide disponible qui pourrait le dépanner. »
Validé en 2017 par Aventure Écotourisme Québec, le protocole a été signé par cinq entreprises. « Elles se sont entendues sur un taux horaire, un taux de charges sociales et un tarif de remboursement des frais de déplacement au-delà de 20 kilomètres, explique Pierre Gaudreault, directeur général de l’association. L’entreprise qui souhaite utiliser temporairement un guide d’une autre entreprise n’a pas le droit de le solliciter pour l’employer directement : le guide conserve son lien d’emploi avec son employeur initial. »
Cette collaboration entre entreprises touristiques permet d’optimiser l’utilisation des ressources humaines disponibles lorsqu’elles se font rares. Dès l’été 2017, Parcours Aventures y a déjà recouru à deux reprises pour répondre à ses besoins en personnel.