Une gestion flexible et personnalisée, sans les remaniements qui alourdissent l’organisation du quotidien : est-ce une lubie pour une entreprise ? Stéphane Lamothe, directeur général du parc de l’île Saint-Quentin, a fait le pari que non. Et ses résultats tendent à lui donner raison.
« On parle beaucoup de conciliation travail-famille, mais ici, on prend soin de tenir compte des besoins de tous nos employés : ceux des parents avec leurs enfants, mais aussi ceux des aidants naturels qui accompagnent leurs parents ou ceux des étudiants qui doivent conjuguer plusieurs emplois à temps partiel pendant la période estivale », explique Stéphane Lamothe.
De l’animateur sur appel au préposé à l’entretien à temps plein, les quelque 40 employés du parc de l’île Saint-Quentin vivent tous une réalité différente, et importante aux yeux du directeur général.
Aux oubliettes, les feuilles de temps
En poste depuis trois ans, un défi de restructuration financière en main, Stéphane Lamothe a tôt fait de mettre de côté les banques d’heures. « Je n’ai pas le temps de gérer ça. D’entrée de jeu, je ne regarde pas le temps, mais le rendement : est-ce que l’employé a atteint ses objectifs ? » résume le directeur général. Ainsi, qu’un gestionnaire passe la porte de son bureau à 8 h 10 au lieu de 8 h n’a aucune importance, tant qu’il abat la somme de travail attendue.
« De la même façon, je demande aux employés de réserver leurs journées de maladie… pour les vraies maladies ! » dit Stéphane Lamothe. Un skieur qui souhaite prendre un vendredi pour dévaler les pentes en famille pendant la journée pédagogique n’a qu’à compenser en doublant d’ardeur en début de semaine. Au préalable, il devra avoir avisé ses collègues de sa future absence. Sous-entendue, une formule « chacun son tour », bien respectée des employés.
Le directeur général du parc de l’île Saint-Quentin ne remarque aucun abus. « Je sens au contraire que j’en reçois beaucoup en retour, et les employés partagent la même impression. On est gagnant-gagnant », résume-t-il. Autres répercussions positives : une ambiance familiale et un climat de confiance, où chacun est motivé à s’entraider et à donner le meilleur de lui-même.
L’employé en tant qu’individu
« Comme le salaire n’est pas très élevé, on mise sur les avantages qu’on peut offrir à nos employés », résume Stéphane Lamothe.
L’environnement naturel enchanteur est certes un des gros avantages à travailler au parc régional. Du coup, les réunions se tiennent à l’extérieur dans la mesure du possible, les heures de lunch peuvent s’allonger pour accommoder quelques kilomètres de course le long des sentiers, et les équipements sportifs non loués sont accessibles au personnel gratuitement. Un cuisinier pourrait, par exemple, choisir de commencer sa journée par une randonnée en fatbike avant la préparation du repas du midi.
« Chaque employé se voit aussi offrir une carte de membre, pratique pour toute sa famille. Ainsi, les employés peuvent profiter du site en tout temps et bénéficier de rabais substantiels sur les services de location et de restaurant », dit Stéphane Lamothe.
Celui dont le passé professionnel souligne un intérêt pour de saines habitudes de vie estime que ces mesures flexibles et personnalisées facilitent un équilibre personnel et professionnel dans la vie des employés du parc. « On veut qu’ils se développent bien comme professionnels, et comme individus », indique le directeur général. Celui-ci va jusqu’à motiver le retour aux études de certains, voire un changement de carrière, lorsqu’il considère que leur potentiel pourrait les mener encore plus loin.
« De nouveaux défis et un coffre à outils bien rempli par des formations complémentaires, voilà ce que l’on offre. Si malgré cela, l’employé constate avoir fait le tour, je vais l’encourager à passer le flambeau », dit le directeur général. Il en résulte des employés heureux dans leur quotidien. En trois ans, peut-être à cause de ses mesures avantageuses sur le plan de la conciliation, Stéphane Lamothe n’a encore perdu aucun joueur dans son équipe…