Selon différentes études, la reconnaissance au travail est un levier de fidélisation et de mobilisation qui arrive loin devant la rémunération. On peut donc affirmer qu’il s’agit d’une pratique payante pour les organisations. Pourtant, seulement 10 % des personnes exprimeraient de la reconnaissance au travail sur une base quotidienne, et 60 % ne le feraient que rarement ou jamais. Résultat : 1 Québécois sur 2 dit manquer de reconnaissance au boulot.
Ce manque de reconnaissance constitue d’ailleurs la deuxième source de détresse psychologique après la surcharge de travail. C’est aussi la première motivation qui pousse les gens à quitter leur emploi.
La pratique de la reconnaissance au travail est plus que jamais essentielle pour les gestionnaires. Pourtant, elle suscite encore plusieurs malaises chez ceux-ci: peur d’attiser la jalousie et la compétition, peur des coûts cachés, manque de temps ou encore d’habiletés.
Voici quelques conseils pour développer les bons réflexes.
Au-delà de la politique de reconnaissance
La reconnaissance conditionne le comportement des employés et indique ce que valorise l’organisation. Désire-t-elle reconnaître l’audace? Les résultats? La loyauté? Les politiques et programmes de reconnaissance ont le mérite de clarifier les intentions à ce sujet.
Malheureusement, ces programmes s’accompagnent trop souvent de moyens génériques. Le crayon ou le chèque cadeau que l’on offre après un nombre défini d’années de service risque d’avoir très peu d’impact sur la motivation du salarié. Une reconnaissance mal effectuée peut même avoir un effet pervers. Un salarié qui reçoit une lettre générique de son supérieur risque fort d’être déçu du peu de considération qui lui est accordé.
La véritable considération
La manière de donner la reconnaissance a souvent bien plus d’impact que la récompense elle-même. Je vous offre ici ma petite expérience personnelle: je travaillais alors comme étudiante dans une grande organisation, et une des pratiques de reconnaissance était le dîner mensuel du PDG pour souligner les anniversaires. Travaillant à temps partiel, je ne connaissais pas beaucoup mes collègues, et j’appréhendais donc un peu mon expérience. Je me rappelle parfaitement ce dîner (même après 20 ans…), où ce grand dirigeant m’intégra à la discussion et démontra un sincère intérêt pour mon cheminement. Tout comme Charles Désourdy, président de Bromont, montagne d’expériences, ce gestionnaire se faisait d’ailleurs un point d’honneur à apprendre le nom de tous ses salariés.
L’employé du mois : bonne idée ou pas?
Adopter une pratique de reconnaissance comme « l’employé du mois » demeure un outil efficace pour souligner la performance individuelle d’un employé. Mais, encore une fois, gare aux effets pervers, surtout si vous êtes dans une petite organisation. Ce prix sera éventuellement remis à tous les employés, ou presque, et perdra ainsi tout son sens… sans compter que le dernier employé reconnu pourrait être vexé!
Si vous désirez souligner publiquement l’engagement remarquable d’un salarié, il existe plusieurs prix de reconnaissance de l’industrie. Selon votre secteur, vous pourriez déposer un dossier de mise en candidature au Gala Excellence Tourisme, au Gala des Lauriers de la gastronomie québécoise ou encore pour les Prix Hotelia. Pour l’employeur, l’élaboration d’un dossier nécessite du temps; c’est d’ailleurs ce qui contribue à rendre ce type de prix significatif aux yeux des employés.
Rendre les employés visibles
À l’heure des médias sociaux, il existe de multiples tribunes pour témoigner de votre appréciation à votre équipe. Par exemple, vous pouvez utiliser les pages LinkedIn de vos employés pour y écrire leurs bons coups. Vous contribuerez ainsi à leur crédibilité professionnelle.
L’employeur peut aussi reconnaître la contribution de l’ensemble de son personnel à la réussite de ces activités. À l’occasion de son 25e anniversaire, le Boston Harbor Hotel a rendu hommage à ses employés en organisant une exposition photo les mettant en vedette. Une belle manière d’augmenter le sentiment d’appartenance et la fierté d’y travailler! De son côté, Virgin Atlantic a utilisé une opération de marketing pour valoriser les talents exceptionnels de ses équipages avec cette publicité.
Cultiver la gratitude
Finalement, la reconnaissance donnée par le gestionnaire demeure la plus importante aux yeux de l’employé. Les leaders qui témoignent leur considération quotidiennement donnent le ton à l’ensemble des employés de tous les niveaux. Ceux-ci seront ainsi plus enclins à manifester de la gratitude à leur tour.
Sources :
Brun, Jean-Pierre et Ninon Dugas. «La reconnaissance au travail: analyse d’un concept riche de sens», Gestion, vol. 30, no2, 2005, p.79-88.
Brun, Jean-Pierre et al. Évaluation de la santé mentale au travail : une analyse des pratiques de gestion des ressources humaines. Québec : Chaire en gestion de la santé et de la sécurité du travail des organisations, 2002.
Palmer, Barbara. « How to Express Gratitude at Work», PCMA Convene, 21 novembre 2017.