Pour de nombreux employeurs, l’embauche d’un employé autochtone ou inuit peut représenter un défi.
Comme dans toute relation interculturelle, il faut du temps pour apprivoiser les codes culturels, les petites et les grandes différences, de même que les non-dits, qui ne s’expriment pas mais finissent par se laisser percevoir à mesure que l’on apprend à mieux se connaître.
Défi, certes, mais il n’est pas insurmontable. Suzanne Leduc, directrice générale de l’Hôtel Continental, à Val-d’Or, en sait quelque chose. Sa région, l’Abitibi-Témiscamingue, compte un peu plus de 7000 autochtones répartis dans sept communautés. Ils représentent environ 5% de la population totale de la région.
Contrairement aux grands centres urbains, les populations blanches et autochtones se côtoient et travaillent ensemble. Environ 15% des employés de l’Hôtel Continental sont autochtones. L’établissement accueille aussi des stagiaires autochtones de façon régulière.
C’est donc dire que Suzanne Leduc est une référence en matière de relations professionnelles entre les blancs et les autochtones. Elle identifie cinq points majeurs à retenir lors de l’embauche d’un employé autochtone:
- Connaître et comprendre leur culture
- Flexibilité, flexibilité, flexibilité
- Écouter et aider
- Accepter les rechutes
- Innover
Prenons ces points un par un.
1. Bien connaître et comprendre leur culture
Prenez le temps de vous informer, mais aussi de comprendre la culture de votre employé et son mode de vie. Quelle place occupe la famille, la chasse, l’éducation, le travail dans sa journée? Beaucoup de communautés n’ont pas le même rapport à la performance que le nôtre, et cela peut engendrer des incompréhensions et des malaises. Certains travailleurs autochtones ne partagent pas non plus la même vision du développement économique. Ne vous laissez pas décourager par ces différences. Cherchez plutôt à les comprendre.
– Suzanne Leduc, directrice générale de l’Hôtel Continental
2. Flexibilité, flexibilité, flexibilité
Dans votre relation avec un employé autochtone, il vous faudra peut-être faire preuve de souplesse. « Vous ne pourrez pas toujours agir selon les codes habituels, ajoute la directrice générale. Il vous faudra peut-être vous éloigner un brin de l’organigramme que vous aviez prévu pour faire à votre employé une place qui corresponde mieux à ses talents. Par exemple, un employé embauché pour l’entretien ménager pourrait se révéler plus utile et plus motivé en cuisine. »
3. Écoute et désir d’aider
Un employé autochtone peut avoir vécu des événements difficiles qui le rendent plus fragile. Un coup dur (séparation, mésentente avec la communauté d’origine, etc.) peut faire basculer l’employé, au point qu’il soit absent plusieurs jours, voire plusieurs semaines, sans possibilité de le joindre. Le conseil de Suzanne Leduc?
L’accompagnement au quotidien: faire des suivis, demander des nouvelles et s’appuyer sur les Centres d’amitié autochtones.
4. Accepter les rechutes
Si l’employé traverse une période difficile, l’écoute est cruciale. « Prenez le temps, car ce ne sont pas toujours de grands parleurs, conseille Suzanne Leduc. Adaptez les horaires et les tâches en fonction de leurs talents et de leurs besoins. Le cas échéant, organisez des rencontres avec le travailleur social qui les suit. Au besoin, aidez-les à combler leur manque de nourriture ou de vêtements, ou dirigez-les vers les bonnes ressources. »
5. Innover
L’employeur doit se détacher des modèles classiques, qui ne sont pas adaptés à la réalité autochtone, et rester ouvert à modifier les tâches selon les aptitudes de chacun.
Il y a quatre ans, j’avais dix employés à l’entretien ménager. Aujourd’hui, pour pallier les absences de certains employés, j’en ai vingt, ce qui permet à l’hôtel de continuer à bien servir sa clientèle.
– Suzanne Leduc
Vous n’aurez sans doute pas à appliquer l’ensemble de ces conseils si vous embauchez un employé autochtone. La réalité de Val-d’Or – l’actualité en témoigne – est plus rude que celle de Wendake, par exemple. Mais ces suggestions peuvent vous servir de repères si vous profitez de la disponibilité de travailleurs autochtones pour compléter votre équipe.
Une chose est sûre: par la connaissance qu’ils possèdent de leur environnement naturel, de leur culture et de leurs traditions ancestrales, les autochtones peuvent enrichir l’expérience offerte aux touristes. De plus, ils parlent souvent le français, l’anglais et leur langue maternelle, ce qui peut être très utile pour bien servir une clientèle diverse en quête d’authenticité.