Qualifiée et motivée : en deux mots, voilà comment décrire la main-d’œuvre issue de l’immigration au Québec. Celle-ci parle aussi l’une des deux langues officielles à la maison, soit le français (48,2 %), soit l’anglais (9,4 %). Elle détient un diplôme universitaire (64,8 %) ou collégial (13,6 %) et elle a de l’expérience dans le domaine de la gestion, du commerce ou de l’administration (25,9 %), du génie (14,3 %) ou de la technologie (11,8 %). Et si l’industrie du tourisme faisait sa connaissance ?
« Le Canada choisit des travailleurs qualifiés, qui sont naturellement tout aussi compétents qu’une personne québécoise », résume Nisrin Al Yahya, présidente du Comité consultatif pour les personnes immigrantes (CCPI).
Il n’est pas rare que leurs quelques différences culturelles s’avèrent d’ailleurs avantageuses pour un employeur. « Pour bien des nationalités, la loyauté est une valeur extrêmement importante, dit Nisrin Al Yahya. Un nouvel arrivant tirera ainsi une grande fierté de travailler pour une entreprise en particulier, et il ne sera pas tenté de la laisser en plan à la première occasion de changer d’emploi. »
Tout naturellement, l’adéquation entre le candidat et les exigences du poste est critique. Les nouveaux immigrants ayant des formations supérieures spécialisées auront des attentes différentes que d’autres, dont les équivalences ne sont pas reconnues.
Accueillir le partenaire
« Les gens arrivent souvent en famille ; qu’en est-il de l’autre partenaire ? Il doit être pris en considération ! Ce dernier pourrait peut-être bien — voire mieux — répondre aux besoins de l’industrie du tourisme », dit Nisrin Alyahya.
En effet, en général moins qualifié et pourvoyeur secondaire de la famille, le partenaire est susceptible d’être plus ouvert à des emplois à temps partiel lui facilitant la conciliation travail-famille. Il ne faut toutefois pas se leurrer : il est fréquent que la maîtrise des langues officielles ne soit pas aussi satisfaisante.
Cela ne devrait pas être une condition d’exclusion automatique, selon la présidente du CCPI : « Bien des emplois n’exigent pas un premier contact avec les clients. Imaginez, par exemple, un travailleur nouvellement arrivé qui assiste en cuisine : en plus de son apprentissage via son programme de francisation, celui-ci se voit offrir l’occasion d’enrichir ses habiletés dans un contexte lui permettant de développer le vrai jargon de son milieu de travail. »
Attention à la régionalisation
L’industrie touristique québécoise n’est pas confinée aux grandes métropoles, bien au contraire. Or, 81,8 % des nouveaux arrivants choisissent de s’installer dans le Grand Montréal (6,6 % à Québec et 2,7 % dans l’Outaouais), et 78,1 % des immigrants avaient pris cette décision avant même de sauter dans l’avion jusqu’au Québec.
« Si une personne arrive à Montréal, il n’est pas simple de considérer un emploi au Saguenay, explique Nisrin Al Yahya. Cela équivaudrait plus ou moins à une deuxième immigration pour cette famille ! »
Ainsi, la présidente du CCPI suggère un meilleur affichage des besoins afin que les personnes nouvellement immigrées connaissent déjà les besoins en région. Une famille pourrait choisir de s’installer directement dans le Bas-Saint-Laurent, par exemple.
Les nouveaux arrivants viennent au Québec pour un projet principal : travailler. Leur motivation est énorme ! Et si on communiquait mieux les besoins de l’industrie du tourisme ? D’une pierre, deux coups : un problème de rareté de main-d’œuvre comblé et des travailleurs immigrants qui s’intègrent en veillant à la valorisation de leur territoire d’adoption. Tout un succès d’intégration !