Les conclusions de la recherche statistique et documentaire sur les jeunes et les étudiants dans l’industrie touristique sont limpides : les opérations en tourisme reposent principalement sur les travailleurs de 15 à 24 ans, et ceux-ci se feront de plus en plus rares. Bien sûr, la diversification de la main-d’œuvre est inévitable pour faire face à l’inévitable décroissance de ce bassin démographique. Mais il est aussi nécessaire de travailler sur la rétention de nos jeunes travailleurs, dans un contexte où ceux-ci voient les offres se multiplier en même temps que la rareté de main-d’œuvre s’accentue.
De plus en plus convoités
La concurrence des autres secteurs est en hausse pour la demande de jeunes travailleurs. Les secteurs de la fabrication et des soins de santé, qui préféraient traditionnellement les travailleurs plus expérimentés, diversifient leur main-d’œuvre et courtisent désormais ce bassin de candidats.
En moyenne, le salaire horaire des 15 à 24 ans est de 15,78$ dans le secteur de la fabrication et de 17,68$ dans le domaine des soins de santé. C’est donc une compétition redoutable.
Comment tirer son épingle du jeu dans ce contexte? En étant proactifs et, surtout, stratégiques dans ses pratiques RH. Voici 5 tactiques à utiliser sans modération.
1. Diminuer son taux de roulement
Si la tendance se maintient, de moins en moins de CV arriveront jusqu’à votre bureau. En contexte de pénurie, le premier réflexe est souvent d’investir dans des outils de recrutement. Pourtant la solution la plus efficace n’est pas d’amener plus d’eau ou moulin… mais de mieux conserver ses ressources!
La plupart des postes à combler dans l’industrie le sont à cause de départs souvent évitables à court ou à long terme. Si vous avez lu mon dernier article vous savez maintenant que le roulement a un coût financier important (plus de 20 à 30% du salaire annuel pour un emploi non qualifié). Avant d’investir en recrutement, il est toujours plus payant de fidéliser ses jeunes employés actuels. Leur expérience vaut de l’or, et les sommes ainsi épargnées vous permettront d’affronter le point suivant.
2. Améliorer la rémunération, un incontournable
Vous avez lu à quelque part que l’argent motive peu ou mal? Que l’argent ne fait pas le bonheur? C’est vrai, mais seulement à partir d’un certain seuil. L’obtention d’un meilleur salaire a un impact motivationnel particulièrement puissant chez les salariés dont les revenus sont bas, puisqu’il leur permet d’avoir accès à des conditions de vie plus favorables (Jacques Forest). C’est-à-dire que pour des employés au salaire minimum, une prime de rétention (ou de retour au travail) peut faire une différence importante, autant sur le plan financier que sur le plan psychologique. Vous faites toutefois fausse route si vous misez uniquement sur le pouvoir de la rémunération pour motiver vos troupes…
3. Offrir de la flexibilité
Les jeunes employés et les étudiants souhaitent un horaire qui répond à leur style de vie. La possibilité d’avoir un horaire sur mesure représente donc un attrait majeur. Pour certains, cela peut signifier moins d’heures par semaine, des heures comprimées ou encore un horaire qui s’adapte au calendrier scolaire. Les gymnastiques d’horaire sont cependant considérables, ce qui peut rebuter les gestionnaires. Heureusement pour les employeurs, des entreprises comme Merinio ont mis sur pied un logiciel facilitant cette gestion.
4. Développer les compétences à l’interne
Trop d’entreprises limitent la formation à l’entraînement à la tâche. Des études réalisées auprès des jeunes démontrent qu’ils attachent une importance particulière aux possibilités de développement et d’avancement de carrière dans le cadre de leur emploi.
Paradoxalement, les jeunes sont aussi moins nombreux à choisir de faire des études spécialisées en tourisme au niveau collégial. Dans ce contexte, il faut miser sur le développement des compétences à l’interne par le biais de formation. Les institutions d’enseignement, par l’entremise de leurs services de formation continue, et les services d’Emploi Québec constituent de précieux alliés.
5. Créer un sentiment d’appartenance
Les jeunes et les étudiants ont trop longtemps été considérés comme « de passage » et comme des ressources renouvelables. Cette perception à leur égard affecte inévitablement leur volonté de s’engager.
Pour renverser la vapeur, il faut donc créer un lien durable avec eux… Pour les emplois d’été et saisonniers, il faut même que ce lien survive à la rigueur de l’hiver! Quelques idées pour stimuler le sentiment d’appartenance: créez un groupe Facebook pour échanger des souvenirs, envoyez une carte de vœux, invitez-les au party de Noël ou encore à une sortie en plein-air.
Les jeunes et les étudiants sont aussi avides de contribuer concrètement au succès de l’organisation. C’est pourquoi ils sont friands de missions et de projets spéciaux. Par exemple, ceux-ci pourraient facilement vous aider pour le recrutement. Faites-en vos ambassadeurs, et ils vous aideront à créer un milieu de vie ou ils se sentent assez bien pour prolonger leur séjour.
Alors, prêts à passer à l’action?